Intervention de Pierre-Alain Fridez, porte-parole du Groupe socialiste, lors d’un débat général sur la question des migrations durant la session de juin 2017 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg.
Cette journée consacrée au thème des migrations est importante pour notre Assemblée.
Importante en premier lieu car nous allons traiter de drames qui touchent par millions des personnes déplacées, des personnes victimes des horreurs de la guerre et des persécutions, des personnes souffrant de la misère, de la faim, de l’absence de toute perspective et qui viennent chercher chez nous protection, aide, et un minimum d’humanité – et surtout l’espoir d’un lendemain, tout simplement.
Importante en second lieu pour nous, Européens, car la problématique des migrations est un défi majeur pour notre continent. Le droit d’asile est un droit fondamental qui nous engage. Mais il y a les mots et les actes. Face au défi des centaines de milliers de migrants qui ont envahi les routes de l’exil en direction de l’Europe, face aux drames survenus en Méditerranée, l’Europe ne s’est pas toujours montrée à la hauteur de ses grands principes. Elle s’est divisée. La charge de l’aide apportée aux migrants a reposé pour l’essentiel sur quelques pays – les pays d’arrivée, en premier lieu la Grèce et l’Italie. Et que dire de l’effort ultérieur de relocalisation entre les Etats?
C’est vrai, nombre de nos États présentent des difficultés – chômage, déficits budgétaires, pauvreté – mais face à l’urgence d’une misère encore plus grande à nos portes, nous devons ensemble, unis, chacun selon ses moyens, participer à un élan commun de solidarité et d’accueil. Il y va de la dignité de l’Europe.
Il me paraît important de rappeler aujourd’hui quelques principes fondamentaux qui devraient guider toutes nos décisions en la matière. Pour les socialistes, les choses sont claires : personne n’abandonne son pays et ses racines par plaisir. C’est contraint et forcé qu’un migrant abandonne sa terre: contraint et forcé par la guerre, par l’insécurité et les persécutions, par la misère mais aussi, bientôt, par les changements climatiques qui pourraient constituer la première cause de migration.
Nous pouvons tenter d’agir sur ces causes de l’exil par la promotion de la paix et de la démocratie, par un meilleur partage des richesses, par la lutte contre la corruption, par une aide au développement ciblée et efficace, par une lutte déterminée contre le réchauffement climatique.
Après la décision de partir, vient le temps du périple, avec ses multiples difficultés que nous pouvons tenter d’atténuer par une aide renforcée aux pays situés à proximité d’une zone de conflit et qui consentent un effort considérable; par un accès direct à l’asile dans nos ambassades et l’application renforcée du regroupement familial qui permettrait une sécurisation des voyages; par la lutte contre les réseaux de passeurs sans scrupule; surtout, par une aide humanitaire digne de ce nom à toutes les étapes du voyage pour assurer secours, protection, soin et encadrement adaptés aux migrants, en particulier les femmes, les enfants et les mineurs non accompagnés.
Puis, une fois qu’ils sont arrivés chez nous, encore convient-il d’assurer un accueil empreint d’humanité, l’abandon de pratiques indignes telles que l’enfermement, en particulier celui des enfants, et des mesures d’intégration efficaces et généreuses. Un ensemble de mesures, en résumé, qui permettra enfin à l’Europe de se mettre en phase avec ses valeurs de justice et de fraternité.
Ce qui doit guider en priorité toutes nos décisions dans la question des migrations, c’est l’empathie à l’égard des migrants, un esprit de solidarité, des sentiments d’humanité et le respect des valeurs fondamentales dont se réclament nos démocraties.