Une stratégie globale pour l’adaptation de la forêt aux changements climatiques

Le Conseiller aux Etats Claude Hêche a déposé jeudi une motion: le texte est issu d’un travail collectif entre les quatre parlementaires fédéraux jurassien-ne-s. La motion a été co-signée par 28 membres du Conseil des Etats.

La motion demande que le Conseil fédéral présente une stratégie globale pour l’adaptation de la forêt face aux changements climatiques. La stratégie intégrera autant la protection de la forêt que les propriétaires ou encore l’économie forestière. Les élu-e-s demandent également que des instruments et des moyens financiers soient définis.

En 2018 et 2019, les premiers effets du changement climatique sur les forêts sont malheureusement devenus évidents. Les perturbations telles que les tempêtes, la sécheresse et les scolytes, ou même leurs effets combinés, varient considérablement d’une région à l’autre, mais elles sont toutes attribuables à la même cause. La coordination et la définition des instruments nécessaires pour garantir la multifonctionnalité et la durabilité de la forêt nécessitent de disposer d’une stratégie globale pour relever les défis actuels et futurs. La Politique forestière 2020 doit également faire l’objet d’un nouvel examen à la lumière de cette crise.

Dans le domaine de la protection de la  forêt, il faut veiller à ce que toutes les fonctions forestières (protection, fonctions sociales, soins aux jeunes forêts, etc.) puissent être maintenues à long terme dans le cadre d’une politique forestière intégrale. En outre, les questions du reboisement, des soins à apporter au rajeunissement et de la gestion des peuplements encore en santé doivent être prises en compte, surtout si la régénération naturelle ne peut pas être assurée ou si elle est insuffisante. Ces impacts précoces et conséquents sur les forêts démontrent la nécessité et l’urgence de définir les mesures à prendre.

Il est à relever que les forêts de plusieurs cantons (JU, BL, SO, AG, ZH, NE ou encore SH) sont touchées de manière impressionnante par un dépérissement forestier inédit. Des dégâts par surface entière et à large échelle se constatent et s’étendent. Dans le terrain, la gestion de la crise s’avère plus compliquée qu’après l’ouragan Lothar. Il faut malheureusement s’attendre à ce que cette évolution, que l’on imaginait progressive et à plus long terme, se retrouve rapidement dans toutes les régions basses de notre pays. Cette crise nouvelle, qui touche maintenant une essence dominante comme le hêtre, s’ajoute aux problèmes sanitaires d’autres essences (bostryches sur les résineux, mort des frênes). 

Les cantons concernés sont prêts à s’investir dans cette tâche et à fonctionner comme laboratoires in vivo. Les propriétaires touchés prennent déjà les premières mesures, mais ne pourront pas garantir la multifonctionnalité des forêts et les investissements requis pour la forêt de demain. En outre, cette catastrophe va impacter durement et remettre en cause durablement l’économie forestière.

La stratégie globale devra préciser les moyens financiers nécessaires en intégrant également :

– comment utiliser au mieux les moyens financiers disponibles, respectivement permettre l’adaptation des conventions-programmes en cours avec les cantons et évaluer les moyens supplémentaires requis à court et moyen terme ;

– examiner si les instruments actuels d’interventions, qui intègrent surtout les incendies et les organismes nuisibles en matière de phénomènes naturels et s’avèrent différents de ceux relatifs aux dangers naturels, ne devraient pas être adaptés et uniformisés. Ainsi, la notion de dangers naturels, qui est appliquée pour les chutes de pierre, pourrait être élargie aux arbres qui présentent un danger pour la sécurité.

Delémont, le 27 septembre 2019 / pch

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