La votation du 26 septembre prochain est un bel enjeu de société ; nous avons la possibilité d’adapter nos bases légales à la réalité vécue par de nombreuses femmes et de nombreux hommes. Reconnaître à deux personnes qui s’aiment les mêmes droits, indépendamment de leur genre et de leur orientation sexuelle, montre que l’égalité n’est pas juste une valeur sympathique ou un slogan à arborer de temps en temps. L’égalité est bel et bien un principe constitutionnel qui nous engage à garantir des droits égaux aux personnes vivant une même situation.
Nous pouvons aujourd’hui nous réjouir de l’évolution des mentalités à l’égard de l’homosexualité. Désormais, le secret et la honte ne sont plus de mise et les couples homosexuelles peuvent afficher leur amour dans le cadre familial, dans l’entourage amical ou encore dans la rue. Alors que le peuple suisse avait soutenu en février 2020 avec une confortable majorité de 60 % la modification du code pénal et du code pénale militaire, nous pouvons apprécier à sa juste valeur le fait que la population jurassienne qui s’est rendue aux urnes a décidé à plus de 73 % que l’homophobie n’avait pas sa place dans notre société.
Il est utile de rappeler que l’objet de la votation permettra aux couples de même sexe de conclure un mariage civil et d’être placés sur un pied d’égalité avec les autres couples sur le plan institutionnel et juridique. Actuellement avec le partenariat enregistré, des différences existent dans les domaines de la naturalisation, de l’adoption et de la procréation médicalement assistée. Avec la volonté d’apporter de la sécurité juridique, il est cohérent que les couples de même sexe puissent également bénéficier de la procédure de naturalisation facilitée. Il en va de même pour l’adoption conjointe qui assure une plus grande sécurité juridique aux enfants vivant au sein des familles dites arc-en-ciel. Concernant la procréation médicalement assistée (PMA), la modification de la loi ouvre l’accès au don de sperme pour les femmes mariées.
Cet élément est désormais au cœur d’une campagne qui en prétendant défendre l’intérêt supérieur de l’enfant le prend en otage. Les opposant-e-s au mariage pour toutes et tous affirment que l’enfant est une marchandise, que l’on veut exclure les pères des constellations familiales, créer des familles génétiquement modifiées et que la prochaine étape sera celle des mères porteuses. Ces allégations sont accompagnées d’affiches nauséabondes et déconsidèrent avec une rare violence la diversité des modèles familiaux. La campagne a perdu toute sa dignité et le dialogue est rompu alors qu’on sait pertinemment qu’aucune famille ne détient le monopole du bonheur concernant l’éducation de ses enfants. La question du bien-être de l’enfant est centrale. Elle ne saurait être instrumentalisée. Il convient de rappeler que différentes études montrent que les enfants qui grandissent dans une famille homoparentale vont tout aussi bien que les enfants élevés dans des familles hétéroparentales ; il en est de même pour les enfants nés grâce à une PMA. Ce qui compte avant tout, c’est un environnement familial aimant et ouvert sur l’extérieur.
Aborder la question du couple et de la famille revient également à rappeler que le mariage pour toutes et tous n’enlève rien à l’institution du mariage et ne change en rien la situation des personnes hétérosexuelles. Le mariage a fortement évolué avec notamment la possibilité de mariage entre personnes de religions différentes, avec le choix du nom de famille, la possibilité de divorcer sans nécessité de faute, etc.
Dès lors, ouvrir la possibilité de se marier civilement à chacune et à chacun n’a rien à voir avec la morale. Dire OUI au mariage pour toutes et tous c’est faire confiance à toutes les personnes quant à leur choix de vie et ne pas décider à leur place pour une question aussi importante que leur mariage.
Delémont, le 24 septembre 2021 / Elisabeth Baume-Schneider, conseillère aux Etats