La pénurie de logements domine en Suisse, bien que l’on construise régulièrement. Certes, le Jura compte plus de 50 % de propriétaires, mais la situation est difficile pour les locataires à revenu modeste et la classe moyenne qui consacrent plus d’un cinquième de leur revenu au simple droit d’habiter. Le loyer est le plus grand facteur de dépenses du ménage.
Les causes vont des besoins en surfaces d’habitations plus grands, l’évolution de la société vers davantage de ménages d’une seule personne ou de familles recomposées, mais la spéculation reste un des facteurs déterminants.
Une vraie conscience des problèmes du marché locatif et des locataires peine à s’établir au niveau politique, tant national que cantonal, et une active politique du logement fait défaut. Pourtant se loger est un droit constitutionnel, mais il coûte cher !
Les logements à loyers abordables contribuent à la diversification du marché locatif en proposant des logements de 15 à 20 % meilleur marché que les autres.
Si le logement d’utilité publique permet à toutes les catégories de population de trouver un toit à la hauteur du ménage, il reste une denrée rare. Dans le Jura, le développement du secteur immobilier de ces dernières années s’est porté sur la construction de maisons familiales et d’appartements en PPE, pas à la portée de tout un chacun, ainsi que d’immeubles dits traditionnels. Ils ne sont pas toujours construits dans les règles de l’art et n’échappent pas à la spéculation ! En effet, certains promoteurs n’hésitent pas à proposer des loyers surfaits, même si les appartements restent vides près d’une année ; d’autres proposent 3 ou 6 mois de loyers gratuit et font signer un bail d’une durée de 2 ou 3 ans ! Construire actuellement est un excellent placement qui rapporte !
Pour réduire cette pénurie de logements abordables, il faut encourager la construction de logements d’utilité publique, en répondant aux exigences de la Constitution fédérale, ainsi qu’à la mission que s’est donnée le canton du Jura : « La politique cantonale du logement vise à améliorer la qualité du marché du logement dans le Jura. Elle contribue notamment à garantir la présence sur le marché d’une offre suffisante de logements à loyer modéré ».
La fin de l’aide fédérale encourageant la construction et l’accession à la propriété de logement prend effet à fin 2024. Jusqu’à ce terme, tous les appartements subventionnés par ce biais verront leur loyer augmenter.
A part l’accès à certains fonds mis à disposition de leurs organisations faîtières par la Confédération, les maîtres d’ouvrage d’utilité publique ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes et la confiance des établissements bancaires pour envisager de nouvelles réalisations, constructions ou rénovations. Mais les banques exigent toujours plus de fonds propres qui manquent aux coopératives.
Et la Confédération est en trains de réduire les moyens mis à disposition des organisations faîtières. Elle est même allée plus loin : Alors qu’une augmentation du crédit-cadre de 250 millions de francs dans la dotation du fonds de roulement pour construire des logements d’utilité publique a été acceptée, l’arrêté fédéral en la matière ne prévoit de la mettre en vigueur qu’en cas de refus de l’initiative. Pression inadmissible !
L’initiative donne des outils pour encourager la construction de logements abordables. Votez oui à l’initiative « Davantage de logements abordables », pour le bien commun, la classe moyenne et les locataires ; contre la spéculation.
Josiane Daepp, députée au Parlement jurassien
Courroux, le 21 janvier 2020