La transparence rétablit et renforce la confiance à l’égard de la vie politique

La démocratie est le meilleur système politique pour maintenir et développer une certaine harmonie dans la société et contribuer à la cohésion sociale. La participation de la population à la prise de décisions tout comme la transparence des moyens mis à disposition pour informer les citoyennes et les citoyens en sont deux piliers fondamentaux.


A l’instar des cantons de Fribourg, de Neuchâtel, de Genève, du Tessin et de Schwyz, le Parti socialiste jurassien a lancé une initiative populaire visant à rendre publique les sources de financement lors des campagnes électorales et lors des votations. La récolte des signatures ayant été un succès, il nous appartient désormais de nous prononcer sur une valeur essentielle de notre engagement politique.

Le manque de transparence alimente la méfiance

La transparence renforce la confiance. Lorsque nous nous positionnons en faveur d’un objet politique, il est naturel et utile de disposer des informations relatives au financement des campagnes menées par les partis politiques et les différents comités de campagnes. Pour se forger une opinion, en plus des différents arguments développés, il est important de disposer des éléments relatifs à l’indépendance des personnes qui présentent, défendent et incarnent les différentes idées. Savoir sur le plan cantonal qu’une campagne est soutenue par des caisses-maladie ou d’autres lobbies n’est pas anodin ; le manque de transparence alimente une certaine méfiance à l’encontre de la classe politique

On peut se réjouir du fait que le Gouvernement et la majorité du Parlement jurassien ne remettent pas en question la nécessité de transparence ; on peut toutefois regretter que les Autorités cantonales opposent un pâle contre-projet à l’initiative en contestant en particulier les limites financières mentionnées.

Comme nous avons pu le lire dans le Quotidien jurassien du 01.02.2020, les partis mentionnent ne pas recevoir des montants exorbitants. Ils comptent sur les cotisations de leurs membres et le soutien financier de leurs élu∙e∙s grâce à une rétrocession sur leurs jetons de présence. Il convient de rappeler que les partis bénéficient également d’un financement public. Conformément à la Loi d’organisation du Parlement de la République et cantons du Jura, l’Etat verse des indemnités annuelles en faveur des groupes siégeant au Parlement en couverture de leurs frais de secrétariat et en faveur des député∙e∙s qui ne font partie d’aucun groupe. Le financement de la vie politique n’est donc de loin pas un sujet tabou.

Concrètement, avec une limite à CHF 750.- pour les personnes et en considérant que le soutien d’une entreprise ou d’une personne morale apparaît à partir du premier franc versé, on dispose grâce à l’initiative d’une vision claire et lisible du financement de nos campagnes politiques. Je concède volontiers ne pas comprendre pourquoi on peut se réjouir de figurer dans le livret de fête d’une fanfare ou d’un club sportif à la page de la liste des donatrices et donateurs, ou encore apprécier être en bonne compagnie dans la liste du Club des 100 ou encore offrir un ballon de match à un club de foot ou de volley …. tandis que lorsqu’il s’agit de politique, la transparence pourrait devenir une curiosité malsaine ou encore dissuader les donateurs ou donatrices.

La vie politique a tout à gagner

Si le contre-projet reconnaît qu’une amélioration est nécessaire, il se contente de vagues lignes directrices, alors que nous sommes tout à fait prêts à nous prononcer sur les éléments fondamentaux de l’initiative populaire et de confier ensuite au législatif la responsabilité de mettre en œuvre les nouvelles dispositions légales.

Le travail politique est noble. L’enrober d’opacité n’est pas à la hauteur de la généreuse énergie et du temps consacré par les personnes qui s’engagent sur le plan communal, cantonal ou national avec enthousiasme pour contribuer au bien commun. La vie politique a tout à gagner à être claire quant à ses sources de financement. A l’instar des Vert∙e∙s, de CS-POP, du PCSI, du PEV et des Vert’libéraux, je vous invite à glisser un OUI à l’initiative populaire et un NON au contre-projet.

Delémont, le 8 février 2022 / Elisabeth Baume-Schneider (tribune parue dans le Quotidien jurassien)

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