Les urnes ont rendu leur verdict. La nouvelle délégation jurassienne aux Chambres fédérales est connue et compte dans ses rangs un nouvel élu au Conseil national, Thomas Stettler.
Fondamentalement attachée à la démocratie, je respecte le choix de la population jurassienne et il ne m’appartient pas d’apporter un jugement sur la stratégie de l’alliance ayant conduit à ce résultat.
Lors d’un débat organisé pendant la campagne, Thomas Stettler, alors candidat, indiquait avoir « la chance que les Jurassiens le comprennent » et que « c’est un atout en politique, enfin quelqu’un que les gens comprennent ».
Mercredi 25 octobre, l’émission Infrarouge de la RTS accueillait le nouveau conseiller national jurassien dans un débat ayant pour thème Immigration, identité, précarité: quelles angoisses dans les urnes ? Ses propos ont effectivement été bien compris.
Téléspectatrice attentive, j’avoue avoir été stupéfaite non pas d’avoir la confirmation que l’UDC était un parti d’extrême-droite, mais par les prises de position de notre nouveau conseiller national concernant la population étrangère. S’offusquer d’être accusé de racisme pour ensuite reconnaître être xénophobe en expliquant « qu’être xénophobe, ce n’est pas un défaut politique, mais c’est une phobie. Ça veut dire que l’on a peur de l’étranger et une phobie vous ne pouvez pas la corriger » sont des propos choquants et qui m’ont mise mal à l’aise. Une simple recherche dans le dictionnaire permet de préciser tout de même que la xénophobie est bien plus qu’une peur mais une hostilité systématique manifestée à l’égard des étrangers.
L’absence de réactions à ces propos dans les médias jurassiens démontre que ce malaise n’est pas que personnel. La peur est mauvaise conseillère mais fait vendre. C’est même une des clés des succès électoraux de l’UDC. Brandir le spectre de la peur pour attiser la haine, cibler les populations étrangères et leur imputer tous les maux, se victimiser, tout cela est porteur dans les urnes. On comprend mieux l’intérêt de ne pas souhaiter « corriger » cette « phobie ».
Katia Lehmann, présidente du Parti socialiste jurassien
Courrier des lecteurs paru le 3 novembre 2023 dans Le Quotidien jurassien / pch