Le Conseil national a débattu jeudi de l’initiative populaire “entreprises responsables – pour protéger l’être humain et l’environnement”. Le texte, lancé en avril 2015, a pour but de rendre les multinationales plus responsables en demandant que la Confédération prenne des mesures légales pour que l’économie respecte les droits humains et l’environnement également à l’étranger.
Pierre-Alain Fridez a pris la parole, l’entier de son intervention est à lire ici:
Les grandes entreprises ne sont pas des œuvres caritatives. La logique qui prévaut à leur gouvernance s’appuie sur leur besoin de générer des bénéfices permettant de procéder à des investissements et d’assurer la pérennité de l’entreprise. Mais surtout de viser à octroyer de larges dividendes aux actionnaires… Avec pour certaines multinationales tous les abus, toutes les dérives que l’on peut imaginer… Ces abus sont particulièrement criants dans certaines parties du monde où des firmes réalisent des profits indécents sur le dos des travailleurs, foulant aux pieds les droits humains et se montrant indifférents à d’éventuelles dégradations de l’environnement.
Cette attitude conquérante de l’économie capitaliste trouve ses racines dans l’histoire européenne au temps de la Renaissance, à l’époque de Christophe Colomb … Plusieurs nations européennes se sont alors emparées de véritables empires, par la force, et cette Europe coloniale a pillé, saigné et asservie l’Afrique, les Amériques et une partie de l’Asie… La soif de l’or, le commerce des épices et des minerais, l’esclavagisme ont contribué à l’enrichissement de notre continent…Aujourd’hui, les temps ont changé, même si voilà peu les entreprises suisses se salissaient encore les mains dans la honte de l’Apartheid.
Les temps ont changé…même si le monde occidental dicte toujours sa loi économique sur de larges contrées, à la recherche de profits sans fin, provoquant même parfois qui une guerre, qui un coup d’état, pour sauvegarder des intérêts pétroliers ou autres… L’heure est aux délocalisations à la recherche des bas salaires et de coûts de production minimaux, pour des profits maximaux. Et de trop nombreuses entreprises et filières économiques ne reculent devant rien ; quelques exemples :
- La destruction de la forêt tropicale primaire, en Indonésie par exemple pour produire de l’huile de palme ou utiliser des essences rares
- Les conditions inhumaines d’extraction de certains minerais
- Le travail des enfants
- Le soutien à des dictatures infréquentables.
Notre pays est concerné, certaines entreprises de chez nous sont montrées du doigt, nous ne sommes pas les pires, mais nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Les temps ont changé, il est juste de fixer des règles.
L’heure est au respect des droits de l’Homme. L’heure est au respect de la nature et à la protection de l’environnement. L’économie mondiale génère de faramineux bénéfices. Il est temps de partager, ici et ailleurs avec les travailleurs.
Le monde doit changer, ici et partout ailleurs.
Les superbénéfices engrangés par les grandes entreprises doivent contribuer au développement harmonieux et durable de tous les pays du monde, en particulier dans le Tiers Monde, à un commerce équitable, à la distribution de salaires justes, à un accès à l’éducation et à la formation pour toutes et tous, à une protection exigeante de l’environnement. Les droits humains ne sont pas négociables et la force économique de ces grandes entreprises doit contribuer à imposer leur respect, toujours et partout, sans concession. Les responsables des entreprises sont grassement payés aussi pour se montrer responsables de ce que leurs entreprises deviennent des entreprises responsables… Les droits humains et l’environnement comptent parmi les biens les plus précieux de l’humanité.
Et nous devons toutes et tous répondre de leur respect.
Et pour retrouver l’entier des débats du Conseil national sur cet objet, c’est par ici: https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/amtliches-bulletin/amtliches-bulletin-die-verhandlungen?SubjectId=46336
Delémont, le 13 juin 2019 / pch