La législature fédérale qui se termine n’aura malheureusement pas permis de faire avancer les problèmes essentiels auxquels notre pays est confronté: le réchauffement climatique et la transition énergétique, nos relations avec l’Europe, la question des retraites et de la pérennité de l’AVS ou encore l’augmentation des coûts de la santé, en particulier le poids insupportable pour une très grande partie de nos concitoyen-ne-s des primes de caisse-maladie.
Ce blocage est dû à la composition actuelle du Conseil national qui, depuis quatre ans, est dominé par une majorité UDC-PLR-Lega. Or, c’est une institution très politisée et polarisée, où régulièrement l’idéologie prime sur toute autre considération, au contraire du Conseil des Etats, traditionnellement plus pragmatique et consensuel, qui cherche à trouver des solutions. Cette majorité de droite s’oppose systématiquement aux nécessaires réformes dont le pays a besoin et défend régulièrement les privilèges de certains et les intérêts de puissants lobbys. Les questions climatiques et le financement de notre système de santé illustrent parfaitement ces affirmations. La loi sur le CO2 a dû être enterrée en première lecture au Conseil national car la droite avait totalement vidé le texte de sa substance. De même toutes les tentatives des milieux progressistes pour améliorer la situation dans le domaine de l’assurance maladie et plus globalement pour protéger le filet social dans notre pays sont systématiquement balayées par cette majorité.
La Suisse a pourtant besoin de solutions et de réformes dans toute une série de domaines, et certaines décisions sont urgentes :
- Les questions liées au climat en premier lieu : nous devons impérativement et sans délai prendre la mesure de l’immense défi qui nous attend, en investissant massivement dans la transition énergétique, l’isolation de nos bâtiments, le recours aux énergies renouvelables, pour permettre à notre pays de se libérer de sa dépendance aux produits pétroliers et ainsi lutter contre le réchauffement climatique.
- La réalité de notre pyramide des âges est incontournable et la « disparition » du troisième cotisant (la bourse) du 2ème pilier une réalité. Assurer la pérennité des retraites de nos ainés et plus globalement leur renforcement représente une priorité. Le financement de l’AVS a obtenu un sursis de quelques années supplémentaires grâce aux résultats de la votation sur la RFFA, mais rien n’est réglé. Concernant le 2ème pilier, le récent compromis des partenaires sociaux pour la réforme de la LPP qui vise le maintien du niveau des futures rentes, par un supplément pour toutes et tous, est une avancée intéressante à saluer. Mais tout reste encore à finaliser.
- Le poids des primes pour la caisse-maladie est devenu insupportable pour de larges couches de la population, en particulier les familles. A cet égard, la volonté intangible de la droite à vouloir s’accrocher au principe de la prime par tête quel que soit son revenu représente une injustice. En Suisse, les plus riches se soignent vraiment à bon marché alors que les plus modestes ne peuvent plus faire face à l’explosion des primes. Il existe pourtant une solution : l’initiative du Parti socialiste qui vise à plafonner le coût des primes à 10% au maximum du revenu disponible du ménage.
- Concernant l’Europe, il faudra bien arriver un jour à conclure un accord cadre pour stabiliser nos rapports avec notre grand voisin et partenaire, mais pas à n’importe quel prix. En effet, le volet de la protection sociale et des salaires doit représenter une priorité indiscutable dans les négociations.
- Et combien d’autres réformes sont actuellement bloquées par cette majorité : citons l’égalité salariale entre homme et femme ou encore le congé paternité.
La composition des chambres fédérales qui sortira des urnes en octobre prochain sera déterminante pour l’évolution de ces différents dossiers. Nous avons le pouvoir de remettre le système en marche, le pays en a urgemment besoin.
Tribune de Pierre-Alain Fridez, conseiller national, publiée dans le Quotidien jurassien.